Ixelles est une commune en pleine effervescence. Avec près de 86.000 habitants aujourd’hui, elle s’approche de son pic historique de 1961. Mais cette vitalité démographique s’accompagne aussi de nouveaux défis sociaux. Le CPAS d’Ixelles est au cœur de ces enjeux. Derrière les chiffres – plus de 2.600 personnes aidées chaque année, dont une part croissante d’étudiants – se déploie une constellation de services : aide sociale générale, insertion socioprofessionnelle, médiation de dettes, logement, soutien à la jeunesse. Deux maisons de repos et près de 80 logements complètent ce dispositif solidaire.
Mais un tel engagement s’inscrit dans un cadre : celui d’un patrimoine bâti en constante évolution.
Un lieu, des usages, des histoires
Depuis 2004, un service logement s’attache à gérer le patrimoine immobilier du CPAS. Certains bâtiments sont loués à des particuliers, d’autres à vocation sociale. Tous racontent une part de l’histoire ixelloise.
Prenons l’exemple de la Résidence Jean Van Aa, inaugurée pour la première fois en 1865, et entièrement réaménagée en 2011. Ou encore la Maison de la Jeunesse, active depuis les années 1950, qui accueille des mineurs en difficulté et dont les archives constituent un trésor discret de l’histoire sociale bruxelloise.
Le patrimoine en question
Longtemps, la gestion des archives du CPAS s’est faite sous le signe de la contrainte : place disponible, valeur légale, urgence administrative. Résultat : peu d’archives ont traversé les décennies. La plupart des documents antérieurs aux années 1970 ont disparu, et l’institution ne possède à ce jour aucun inventaire archivistique complet.
Pourtant, quelques pièces ont échappé à l’oubli. Des dossiers de la Maison de la Jeunesse, un registre d’inauguration de l’hospice Van Aa avec discours et album photo, ou encore des archives de l’hôpital d’Ixelles récupérées en 2017 : ces documents témoignent d’un passé institutionnel riche, souvent invisibilisé.
Un projet soutenu par l’Europe
Grâce au soutien du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), le CPAS d’Ixelles engage aujourd’hui une nouvelle étape : moderniser ses infrastructures tout en valorisant son patrimoine. Le déménagement du service social dans un bâtiment rénové, plus accessible, plus économe en énergie, en est un symbole fort.
Ce projet architectural est aussi un projet humain. Il vise à offrir de meilleures conditions d’accueil, à faire vivre la mémoire du lieu, et à inscrire le travail social dans un environnement digne et porteur de sens.
Une mémoire à reconstruire
Le bâtiment n’est pas qu’un espace fonctionnel. Il est aussi la mémoire d’un territoire, d’une institution, de ses combats et de ses engagements. En révélant ce patrimoine – même lacunaire –, en lui donnant une place dans le récit collectif, le CPAS d’Ixelles affirme une ambition : faire de la pierre un levier de dignité, de transparence et de transmission.